Pierre Sauvageot

Exilé volontaire

[Extrait]

L’artiste vient en région parce qu’on lui confie un outil qu’il n’aurait pas à Paris. Et sa nomination, provisoire, s’inscrit dans un parcours de « carrière ». En théorie, c’est une opportunité pour l’artiste et pour le public, un outil de la démocratisation culturelle, une dynamique régionale, une irrigation artistique. Mais à condition qu’une rencontre se fasse. Si les directeurs des CDN et autres scènes nationales ne se passionnent que pour les moyens que la fonction leur offre, sans chercher à s’inscrire réellement dans le territoire qui les accueille, le jeu de chaises musicales s’avère vide de sens. Tout le contraire de la démarche d’un Pierre Sauvageot, « artiste-directeur » parisien, qui goûte avec bonheur son exil marseillais.
Au commencement, il y a Paris, un mois de mai. Pierre Sauvageot a 15 ans. La jeunesse étudiante clame son désir de transformer le vieux monde, main dans la main avec la classe ouvrière. Les idées fusent avec les pavés, la révolte se fait fête et les rêves exigent de devenir réalité. En 1968, l’idée d’être un jour directeur d’un « centre national », fût-t-il consacré aux arts de la rue, aurait bien entendu semblé incongrue à ce fils issu d’une « bonne famille bourgeoise parisienne, formidable par ailleurs ».

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in Artistes loin de Paris, M. Gairaud & R. Piednoir